Philippe Mauchamp, Directeur et Jean-Louis Lacroix, Vice-président à la Chambre d’Agriculture répondent à nos questions sur Adéquat, une coopérative au service des éleveurs.
Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement d’Adéquat ?
Philippe Mauchamp (PM) : « Né dans les années 2000, Adéquat est une coopérative prestataire de services qui accompagne aujourd’hui 578 éleveurs sur tout le territoire de la région Grand Est. Nous sommes prestataires de services et nous accompagnons les éleveurs dans leur démarche de transformation des produits fermiers: abattage multi-espèces,
découpe, transformation, conditionnement, transport. L’ objectif est de faciliter ce processus dans le respect des normes règlementaires d’hygiène et sans que les éleveurs n’aient à investir dans leurs exploitations. Nous ne commercialisons pas de viande aux consommateurs, c’est à l’éleveur de proposer ses produits en vente directe ou via des intermédiaires : épicerie locale, supermarché, etc… Les éleveurs utilisent les services dont ils ont besoin, nous les adaptons à leurs demandes, une véritable boîte à outils. L’existence de cette coopérative génère 1,5 millions d’euro par an de ventes pour les éleveurs. »
Jean-Louis Lacroix (JLL) : « C’est un outil élaboré pour les éleveurs qui adhèrent et détiennent un capital social dans la coopérative. Le but est de valoriser une partie de leur production en vente directe ».
Pourquoi avez-vous créé un atelier de fabrication de steaks hachés ?
PM : « Initié en 2019, le projet de création de l’atelier de steaks hachés surgelés a démarré suite à la fermeture du site Elivia à Eloyes. Le projet a été développé via un comité de pilotage composé de l’Etat via la Préfecture, des collectivités locales, de la Chambre d’Agriculture des Vosges et des acteurs privés. Le travail a été efficace puisque le projet a abouti rapidement et sans obstacle. Nous avons eu également un soutien logistique et technique avec la mise à disposition de locaux par l’association du Comice Agricole. Cela a permis de créer 13 emplois dans des domaines variés : chauffeur bétaillère, opérateur, cadre, découpeur, nettoyeur. »
JLL : « C’est une corde en plus à notre arc qui valorise nos productions locales. »
Quels sont les soutiens dont vous avez bénéficié pour ce nouveau service ?
PM : « L’investissement a été conséquent, 4 millions d’euros dont 1.4 million subventionné par L’Europe via le Feader (Fond Européen Agricole pour le Développement Rural), l’Etat via le Fonds National d’Aménagement et de
Développement de Territoire (FNADT) et la Région Grand Est. Le Conseil
Départemental et la Communauté de Communes de la Région de Rambervillers ont également subventionné le projet via l’Aide à l’Immobilier d’Entreprise. »
Comment vous démarquez-vous des industriels ?
PM : « Nous proposons des services que les industriels n’ ont pas : quantité et adaptabilité. Nous sommes donc complémentaires. Notre rôle est de favoriser la vente en circuit-court et non de concurrencer les grandes chaines industrielles. »
Quelle est votre vision de l’avenir économique sur territoire ?
PM : « Uniques en France, les services proposés répondent à un nouveau
mode de consommation, plus engagé, solidaire et humain. Les productions locales sont garantes de qualité. Le consommateur sait d’où vient le produit et peut même aller à la rencontre de l’éleveur pour connaître les conditions d’élevage. Aujourd’hui, nous sommes également capables de travailler avec les collectivités et nous souhaitons nous développer dans ce sens. Pour le grand public, l’idée serait de répertorier via un outil de communication l’ensemble des éleveurs ainsi que leurs conditions de retrait du produit.»
JLL : « Il faudrait effectivement recenser tous les producteurs et proposer aux consommateurs une plateforme numérique pour faciliter la vente. »